Physical Address
304 North Cardinal St.
Dorchester Center, MA 02124
Physical Address
304 North Cardinal St.
Dorchester Center, MA 02124
La première fois que j’ai décidé que je traverserais l’Atlantique à la voile avec mon copain, c’était en avril, j’avais 21 ans. Le départ de ce périple de quatre mois est prévu pour début novembre depuis le nord de la Bretagne, en passant par les Canaries et le Cap-Vert jusqu’aux Antilles avant d’arriver en Amérique latine. Ensuite, je prendrai un bus pour rejoindre l’Etat de Oaxaca, dans le sud du Mexique, vers mars.
Je dois m’y rendre pour mon terrain de recherche de fin de master en géographie à l’Ecole normale supérieure et à l’Ecole des hautes études en sciences sociales. Et cela m’embêtait de prendre un vol pour y aller. L’été dernier, j’ai essayé de me rendre au Liban sans avion. J’ai réussi jusqu’à Chypre, où j’ai dû finalement opter pour un vol en raison de la crise libanaise.
J’ai eu de nombreux engagements associatifs tournés vers les questions environnementales, depuis le lycée. Au moment des marches pour le climat en 2019, alors élève en première, nous avions créé avec des amis un mouvement qui s’appelait Climaction. Nous organisions des conférences et des actions pour végétaliser notre lycée.
Cette année, pour mon mémoire de recherche, il se trouve que je travaille sur un sujet environnemental. Il questionne le développement des parcs éoliens dans le sud du Mexique et les enjeux liés à l’accaparement des terres. Je me suis donc beaucoup penchée sur les notions de capitalisme vert et de colonialisme vert.
Une grande partie des sociologues et des anthropologues travaillant en Amérique latine étudient des questions plus ou moins liées à l’environnement. Ce modèle est bizarre : on passe notre vie à écrire que la crise climatique touche durement les populations défavorisées de la région, et pourtant la plupart des chercheurs font deux allers-retours en avion par an pour s’y rendre. Il y a un décalage et un impensé sur ces questions-là, sous prétexte qu’on fait de la recherche et qu’on produit du savoir.
J’ai donc exploré plusieurs possibilités pour y aller par la mer : d’abord j’ai cherché à embarquer en bateau-stop par cargo. Mais ça ne se fait plus du tout ou c’est hors de prix. Puis j’ai regardé pour partir en tant qu’équipière, à la voile, sur des sites Internet ou des groupes Facebook dans lesquels des skippeurs cherchent des gens pour les accompagner pendant la traversée. L’option de la voile s’est imposée mais je cherchais encore une autre formule. J’avais déjà navigué lors de stages d’initiation mais jamais plus d’une semaine.
Il vous reste 60.92% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.